La vraie histoire de Pocahontas :
L'histoire de Pocahontas a été écrit par Marcel
Schwob (1867-1905) et extraite de "Vies Imaginaires"
écrit en 1896.
DÉBUTS DE LA COLONIE DE JAMESTOWN
En avril 1607, la première
colonie anglaise permanente était établie sur le fleuve James et
baptisée Jamestown. La société anonyme de la compagnie de Virginie
à Londres, comptait bien que ses explorateurs trouveraient or, route
des Indes, fourrures, sassafras (sensés guérir la syphilis) et bien
d'autres choses pouvant rapporter de l'argent....
C'était plutôt un intérêt mercantile que religieux qui était à l'origine
de cette expédition. Quelques voeux pieux sur le besoin de convertir
les Indiens ne se voyaient pas du tout traduits dans la réalité
.De toutes façons, les débuts de Jamestown furent éprouvants :
le mouillage était rendu insalubre par les marécages proches. Après
un an de séjour, 53 hommes avaient survécu. Deux navires arrivèrent
alors avec renfort et provisions. Sur les 900 colons arrivés pendant
les 3 premières années, seulement 150 étaient encore en vie
en 1610. C'était à cause de la famine et de la maladie, pas des
Indiens qui, s'ils l'avaient souhaité, auraient facilement éliminé
ce petit établissement. En 1611 le Gouverneur demanda au Roi d'envoyer
en Virginie tous les condamnés à mort des prisons anglaises, « car
eux au moins seront contents de construire ici leur nouveau pays.»
À leur arrivée, les anciens colons se réfugièrent vers le nord,
dans la future Nouvelle-Angleterre et la nouvelle population n'éprouva
pas plus l'envie de travailler dans le Nouveau Monde que dans l'Ancien...
De 1618 à 1625, on compta 4.000 arrivées. Mais la population ne
dépassait pas 1.210 individus blancs en 1625. En 1624, prenant prétexte
des mauvais traitements que les colons avaient subis, le Roi dissolvait
la compagnie de Londres. La Virginie était devenue colonie royale.
Les colons anglais n'avaient pas l'état d'esprit d'agriculteurs
et s'inspiraient du modèle espagnol : les indigènes travaillent,
les Européens surveillent, organisent et empochent les profits.
Mais cela n'allait pas être aussi simple...
Les indigènes étaient des algonkins, réunis en une confédération
estimée à 10.000 hommes, sous le commandement de Wa-hun-sen-a-cock,
lequel habitait un village potomack appelé Powhatan. C'est ce nom
de village qui servira à désigner le personnage chez les Anglais.
>La colonie put survivre grâce aux Indiens de Powhatan pendant les
premiers hivers. Pour John Smith, c'est Dieu qui a permis que les
Indiens lui viennent en aide avec maïs et gibier et non pas leur
générosité...
C'est en 1608 que le capitaine John Smith, premier chef de la colonie,
parti pour un voyage de découvertes vers les sources du Chickahomini
(dans la région actuelle de Richmond, à l'ouest de Chesapeake),
tomba entre les mains d'un parti d'Indiens qui, effrayés des progrès
des envahisseurs et de l'usage menaçant pour l'avenir qu'ils faisaient
de leurs démoniaques armes à feu, le conduisirent au chef des Potomack,
Powhatan.
Powhatan fut assez embarrassé de son prisonnier. Personnellement,
il semble qu'il ne lui voulait aucun mal. Toujours est-il qu'il
l'accueillit avec honneur. Mais les chefs et surtout les sorciers
des tribus n'éprouvaient pas tous les mêmes sentiments. L'Anglais
leur paraissait un sorcier trop fort pour eux. N'avait-il pas envoyé
au loin par un messager une certaine feuille de papier sur laquelle
il avait tracé des signes ? Et quelques jours plus tard le
messager était revenu avec des objets dont justement Smith avait
besoin ! Comment la feuille de papier avait-elle pu parler
pour demander ces choses ? Cela dépassait les bornes d'un honnête
pouvoir.
On discuta et on délibéra longuement. Et le résultat de la délibération
fut que, tout bien considéré, il était préférable d'intimider le
détenteur d'une si redoutable magie. Smith fut conduit à la pierre
du sacrifice. Et l'exécuteur s'approcha avec son tomahawk.
C'est alors qu'intervint Pocahontas, l'une des deux filles de Powhatan,
âgée de 12 ans. Qu'elle eut été réellement émue par le charme
de Smith ou chapitrée par son père, elle prit la défense de l'Anglais,
plaida en sa faveur, supplia, menaça, ordonna, pleura. Rien n'y
fit, la décision était prise ! La massue se leva pour l'exécution
de la sentence. Alors elle s'élança, se pencha sur la tête de Smith,
la couvrit de la sienne, la voila de ses longs cheveux noirs et
déclara que si on voulait briser le crâne du prisonnier, il faudrait
d'abord briser le sien !
Les Indiens semblèrent convaincus par son audace et libérèrent le
prisonnier. Seuls quelques sorciers s'obstinèrent à le considérer
non sous la protection du Grand Esprit mais sous celle de l'Esprit
du Mal. Quoiqu'il en soit, les relations les plus cordiales furent
rétablies, Smith demeura auprès de Powhatan qui le combla de faveurs.
Pocahontas le tira des embûches de ses ennemis en l'en prévenant.
Il voulut lui offrir quelques présents, par reconnaissance ;
elle refusa avec énergie, trop contente, dit-elle, de l'avoir sauvé.
À quelque temps de là, Smith ayant reçu des renforts, elle voulut
donner à ses nouveaux hôtes une fête digne d'eux. Le soir un grand
feu fut allumé dans la plaine. Un grand nombre d'Indiens l'entourèrent,
les premiers rangs étant réservés à Smith et sa troupe. Soudain
des cris aigus s'élevèrent de la forêt. Les Anglais, persuadés qu'on
allait les attaquer, commencèrent à s'emparer des notables de la
tribu pour en faire des otages. Mais Pocahontas se jeta au milieu
d'eux et déclara qu'elle se livrait la première à leur vengeance
s'ils la croyaient capable de trahir. À ce moment sortit du bois
une trentaine de jeunes filles habillées de peintures et d'une ceinture
de feuillage. Elles exécutèrent une série de danses et de chants,
interrompus de temps en temps par des cris farouches qui avaient
si fort ému l'assistance. Celle-ci s'apaisa un peu ; ces danseuses
court-vêtues n'étaient certainement pas dangereuses. Elles regagnèrent
bientôt la forêt. On en fut quitte pour la peur.
La tranquillité assurée, Smith put bientôt reprendre ses explorations.
Les Indiens eurent l'imprudence de l'aider. Il remonta ainsi le
Potomack, s'approcha des Montagnes Bleues et, secondé par Newport,
arriva à reconnaître, zone par zone, la plus grande partie de ce
pays de miracle qu'est la Virginie.
Comme ils préféraient s'emparer des récoltes au lieu de les faire
pousser, tout était prétexte aux Anglais d'attaquer les Indiens.
John Smith avoue que les guerres en Europe, Asie et Afrique lui
ont appris à soumettre les « sauvages.»
Crâneur et hautain, courageux, cet homme est un bel exemple du chef
militaire du XVIIe siècle. Comme il avait remonté la rivière pour
échanger des marchandises contre du maïs avec Opechancanough, le
demi-frère de Powhatan, il fut encerclé par plusieurs centaines
d'Indiens en armes. Gardant son sang froid, il saisit la mèche de
scalp d'Opechancanough et le fit avancer face aux guerriers, un
pistolet dans les côtes :
« Me voici ! Tire qui l'ose ! Vous m'avez promis
de remplir mon navire (de maïs) avant mon départ, tenez votre promesse ;
sinon ce sont vos cadavres qui le rempliront.»
Il eut son maïs.
Pendant l'hiver 1608-1609, Smith partit avec des compagnons exiger
l'aide de Powhatan pour nourrir les colons. Le chef les régala de
pain, dindes et gibier. Le lendemain, après les avoir encore pourvus
de vivres, il leur demanda quand ils comptaient repartir car il
n'avait pas assez de grain pour leur en fournir. Sauf contre des
épées. Smith refusa et menaça de rompre l'amitié.
Powhatan devinait les intentions des Anglais, mais espérait vivre
en paix avec eux. Smith rapporte : « Capitaine,
dit le roi, je m'inquiète des raisons de votre venue (...) car beaucoup
me disent que ce n'est pas pour le commerce, mais plutôt pour faire
la guerre à mon peuple et nous prendre notre pays. Pourquoi
prendre par force ce que vous pouvez obtenir par l'amitié et pourquoi
détruire ceux qui vous nourrissent ? Que croyez-vous obtenir
par la guerre ? Nous pouvons cacher nos provisions et nous
enfuir dans les bois ; la faim vous tuerait alors pour avoir
fait du tort à vos amis.La guerre ferait de moi une bête traquée
sans repos ni sommeil, pendant que mes hommes devraient, bien qu'épuisés,
monter la garde ; et au moindre froissement de feuille, ils se mettraient
à crier : Voilà le capitaine Smith !
et il me faudrait fuir je ne sais où et finir ma vie tristement.»
Lors d'une expédition, l'explosion d'un baril de poudre obligea
John Smith à renoncer et il rentra en Angleterre. Il reviendra en
Amérique, mais plus au nord, dans la future Nouvelle-Angleterre
et retournera de nouveau en Angleterre en 1613.
Les gouverneurs suivants ne purent contenir les colons. Les hostilités
recommencèrent bientôt.
Dans une de ces rencontres, le capitaine Radcliffe fut tué avec
trente de ses hommes. Un autre officier, Spillman, fait prisonnier,
allait être exécuté lorsque Pocahontas reparut et le sauva comme
elle avait sauvé Smith. Elle s'était retirée à cette époque chez
une tribu dont elle avait le commandement.
Contre les Indiens, les Anglais mêlaient ruse et immoralité. D'abord
les directeurs de la Compagnie de Virginie à Londres voulaient qu'on
s'empare de Powhatan pour le forcer à se soumettre. Si on n'y parvenait
pas, Sir Thomas Gates, nommé gouverneur en 1611, fut fermement prié
d'étendre son autorité sur le plus de chefs possible et de supprimer
les prêtres indiens. Il réussit à attirer des indigènes à découvert
en faisant battre le tambour et danser ses soldats ; puis il
les massacra. Ce genre de ruses, comme la capture de Pocahontas
par Samuel Argall en 1612, permirent à la fragile colonie de vivre
en paix quelques années ; au-delà des discours, elles révèlent
le fond des Anglais.
Pour assurer sa sécurité et celle de ses administrés de Jamestown,
le capitaine Argall ne trouva rien de mieux que d'attirer Pocahontas
dans un guet-apens, de s'emparer d'elle et de la garder comme otage
jusqu'au rétablissement de la paix, en échange des Anglais prisonniers,
des armes que les Indiens avaient obtenues jusque-là et d'une grande
quantité de maïs.
Elle
fut honorablement traitée et entourée des égards qu'on devait à une
alliée fidèle et à une fille de chef. Tant et si bien qu'au bout d'une
quinzaine de mois, accoutumée à sa nouvelle vie, elle avait été demandée
de nombreuses fois en mariage, mais n'avait pu se décider. En avril
1613, un officier veuf, John Rolfe, en gentleman qui connaît les usages,
fit une démarche officielle auprès de Powhatan. Celui-ci consentit
à l'union qui réconciliera les deux peuples. Ce qui fit qu'un autre
Anglais s'enhardit et demanda la main de sa seconde fille. Mais c'était
assez d'une au gré de l'Indien : « Je mourrais s'il
fallait me séparer de mes deux filles à la fois. Vous avez déjà obtenu
la soeur de celle-ci : que ce gage vous suffise. C'est assez
pour la paix. Vous voyez que je suis vieux et que je désire achever
tranquillement mes jours. Soyez sans crainte : la hache est tombée
de mes mains et je ne veux plus de sang !»
Pocahontas se laissa donc marier à Rolfe. Elle se fit chrétienne et
est la première Indienne de ces contrées qui ait reçu le baptême.
On lui donna dans cette cérémonie le nom de Rebecca.
Madame Rebecca Rolfe suivit son mari en Angleterre où elle reçu un
accueil des plus affectueux. Au cours d'une des réceptions elle rencontra
le capitaine Smith. Elle se troubla, se voila le visage, puis se jeta
dans ses bras, lui rappela l'amitié qu'il avait jurée à Powhatan :
« Vous l'appeliez père quand vous étiez étranger dans notre
pays. Me voici étrangère dans le vôtre. Et je veux vous y donner ce
doux nom !»
Il raconta son histoire à la Reine, la femme de Jacques Ier.
Celle-ci se la fit présenter, la prit en amitié et la fit paraître
à toutes ses fêtes comme la reine d'une puissante nation alliée. Pocahontas
servait (involontairement ?) d'agent de recrutement pour la colonie.
La fille de Powhatan, chef des Potomack, se préparait à retourner
dans son pays pour y fortifier les liens de l'alliance quand elle
mourut à Gravesend en 1617, âgée de 22 ans.
DÉGRADATION DE LA SITUATION À JAMESTOWN
Pour satisfaire les consommateurs anglais, on commença à cultiver
du tabac en 1614 ; le besoin de prendre la terre
aux Indiens se fit impérieux. Cette culture épuise les sols rapidement
et les planteurs avaient toujours besoin de nouveaux espaces. Il leur
était bien plus facile de voler des terres déjà valorisées par les
Indiens que d'entreprendre d'en défricher eux-mêmes...
Powhatan essaya d'éviter la violence, en dépit de multiples provocations
et crimes. Opechancanough lui succéda en 1618 à la tête de la confédération,
promettant aide et amitié aux colons : « Je tiens
la paix d'une main si ferme que le ciel tombera avant que je ne la
lâche.» Cependant les humiliations et exactions des colons
allaient le pousser à bout.
Un certain Morgan, parti commercer avec les Indiens dans l'intérieur
du pays, n'était jamais revenu. Ses domestiques, convaincus qu'il
avait été tué par Nemattanow dont on disait qu'il portait le chapeau
de Morgan, assassinèrent ce dernier. C'était un homme d'un certain
rang et Opechancanough menaça de se venger. Les colons répondirent
par d'autres menaces. Il parla clairement de vengeance au gouverneur
Francis Wyatt.
Deux semaines après, c'était le Vendredi Saint 22 mars 1622. Des groupes
d'Indiens sans armes arrivèrent de bonne heure dans la plupart des
villages échelonnés sur quelques cent cinquante kilomètres le
long du fleuve James : comme de coutume on les invita dans les
maisons à prendre un déjeuner et à troquer des dindes, des poissons,
des fourrures et de la viande de cerf contre des perles et autres
pacotilles.
À Henrico, le plus occidental de ces villages, le pasteur George Thorpe
faisait ses dévotions. Il avait quitté la Chambre privée du Roi pour
fonder une école dans le nouveau Monde et convertir les Indiens. Ses
progrès lui paraissaient très satisfaisants : il lui semblait avoir
la confiance et l'amitié des indigènes et il avait même construit
une maison de style anglais pour Opechancanough, le chef de la puissante
confédération des tribus de Tidewater.
À quelques kilomètres, à Falling Creek, une centaine de travailleurs
qualifiés étaient en train de construire une fonderie. Et tout le
long du fleuve, des hommes et des femmes vaquaient aux travaux des
champs.
À huit heures, une vague de violence s'abattit sur les colons. Les
Indiens s'emparèrent des armes de leurs hôtes et, selon un témoin,
ils tuèrent sans discrimination d'âge ou de sexe, hommes, femmes et
enfants, de vile et barbare façon.
Thorpe fut parmi les premières victimes. Les Indiens se précipitèrent
en masse dans la fonderie, tuèrent le maître de forge et ses employés,
mirent le feu aux bâtiments et saccagèrent les machines. À tel point
que par la suite la compagnie de Virginie ne put récupérer en tout
et pour tout qu'une paire de tenailles, une pelle et une barre de
fer. Les hommes et les femmes surpris dans les champs furent tués ;
seuls eurent la vie sauve, pour la plupart, ceux qui eurent le temps
de se défendre. Par exemple, dans un des villages, un jeune garçon
mit ses attaquants en fuite rien qu'en tirant en l'air, tandis que
les colons d'une maison voisine s'en sortirent aussi bien à coups
de hache, de bêches et de briques.
Jamestown fut épargnée grâce à un jeune Indien nommé Chanco, serviteur
de Mr Pace. La veille au soir, ne pouvant se résoudre à devoir
tuer son maître, Chanco le prévint du danger. Pace prépara sa maison
pour résister à l'assaut et juste avant l'aube il traversa le fleuve
James en canot pour aller avertir le gouverneur.
Les assaillants parvinrent à tuer un tiers de l'ensemble des colons.
Il en tomba 347; les Indiens se jetaient avec fougue sur les cadavres
pour les défigurer, les traîner, les mutiler, les découper en morceaux
qu'ils emportaient, par jeu, pleins d'un triomphe vil et brutal.
La cause immédiate de cette agression était la mort de Nemattanow.
Mais l'origine de la guerre qui débuta ainsi en 1622 avait d'autres
causes : le comportement des colons.
Dès lors, les Anglais allaient mener une politique d'extermination.
Plutôt que d'être en paix et en ligue avec eux, il est infiniment
préférable, écrivit Wyatt, de n'avoir aucun païen parmi nous, car
ils sont comme des épines dans nos flancs.
Les colons ne songèrent plus qu'à expulser tous les Indiens de la
région de Tidewater en attaquant régulièrement les villages alentours.
Malgré les ravages de la maladie, ils ne renoncèrent pas à leur offensive.
Le Conseil de l'État de Virginie put ainsi annoncer qu'en 1622 on
avait tué plus d'Indiens que depuis le début de la colonie.
Les méthodes employées étaient telles que la Compagnie de Virginie
elle-même les dénonça. Elle apprit une tentative d'empoisonnement
d'Opechancanough par le gouverneur Wyatt au cours d'une fausse conférence
de paix. Deux cents Indiens se trouvèrent gravement atteints et beaucoup
moururent, mais Opechancanough parvint à s'échapper. Le Conseil opposa
aux protestations de la Compagnie que « tout est bon pour exterminer
les Indiens. Depuis toujours toutes les ruses sont permises contre
les ennemis, mais avec eux plus encore et aucune guerre honorable
ne se pourra jamais tenir, on ne devra jamais leur faire aucun quartier
et on ne peut non plus espérer les soumettre, quoi que d'aucuns essaient
de vous faire croire.»
En 1632, épuisés, les deux camps marquèrent un temps d'arrêt. Chacun
reconnut à contrecoeur l'autorité de l'autre sur son propre territoire
et, dans la prudence et la morosité, on choisit de faire une trêve
dans la région de Tidewater.
Cette pause ne dura pas 10 ans. En 1644, le vieil Opechancanough reprit
ses voyages pour mettre au point une nouvelle attaque. Ce fut le matin
du 18 avril. Les Indiens s'arrêtèrent au premier assaut, peut-être
découragés par un mauvais présage, au lieu de profiter de leur avantage.
La population blanche de Virginie avait alors atteint 8.000 habitants
et même si on ne peut pas considérer la mort de plus de 400 colons
comme négligeable, ce n'était pas non plus une catastrophe. Le gouverneur
William Berkeley captura Opechancanough, presque centenaire et quasiment
aveugle, en 1645. Il ordonna qu'on le traite selon son rang. L'un
des gardiens abattit Opechancanough en lui tirant dans le dos.
En octobre 1646 l'Assemblée signa la paix avec son successeur, Necotowance.
La mort d'Opechancanough laissa la colonie anglaise s'étendre jusqu'aux
rapides, c'est-à-dire sur toute la partie navigable des rivières de
Virginie et prépara l'accès aux Appalaches.
Pour pouvoir planter de nouveaux champs de tabac, les notables employaient
tous les moyens les plus faciles pour enlever les terres aux Indiens.
Il étaient rarement sanctionnés.
Les exactions et les massacres continuèrent jusqu'à ce que la Virginie
ne soit plus qu'un territoire blanc. Les colons avaient gagné.
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